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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 22:37

 

Une marionnette sans fil,

S’emmêle et puis vacille,

Le long du caniveau,

Le nez dans le ruisseau.

 

Je suis tombé par terre,

Il va falloir s'y faire,

C'est ça les pots de terre,

ça espère, et se brise.

 

Après la pluie le beau temps.

Après l'hiver le printemps.

Après les larmes, les sourires.

Après les armes, l'avenir.

 

Je suis tombé par terre,

Il va falloir s'y faire,

Encore, je me relève,

Et tant pis si je saigne.

 

Un pot de terre, un pot de fer,

Et des morceaux, tout partout.

Ne cherchez pas, c'est pas l'enfer,

C'est la vie, c'est tout.

 

Faites taire les violons,

Que les cloches cessent de sonner.

Que les chorales deviennent aphones,

Que l'on vienne enfin m'emmener.

 

Que l'on me mente, une dernière fois,

Et que l'on me prétende roi.

Que l'on me couronne de carton

Et que mon trône soit paillasson.

 

Que l'on me joue la comédie

Oui, juste pour moi.

Que l'on me dise que c'est fini,

Que je peux baisser les armes.

 

Qu'on me déroule un tapis rouge,

Fait de serviettes en papier.

Que je m'entrave dans la première

Et que je tombe sur le nez.

 

Il va falloir s'y faire.

 

Il va falloir s'y faire.

 

Il va falloir s'y faire.

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 21:10

 

Et encore, au bas mot.

 

Je préfère arrondir à l'inférieur pour qu'il soit impossible à quiconque de me taxer d'exagération. Selon mes calculs, j'ai dû allègrement dépasser les trois cents appels. En deux heures trente.

 

Au moins deux appels par minute.

Téléphone en main.

 

"Bis", "appeler", "tonalité occupé", "raccrocher". 

 

Attendre quelques secondes.

 

"Bis", "appeler", "tonalité occupé", "raccrocher". 

 

Etc.

 

J'aimerais dire que je harcelais quelqu'un dans le cadre d'un acte militant. Ou bien même que je harcelais quelqu'un dans le seul but de lui nuire, qu'importe. J'aimerais pouvoir dire cela, car ça signifierait que mes actes -- deux cents appels en deux heures et demi -- avaient une portée et une vocation à être exceptionnels. Mais ça n'est pas le cas. Demain, je recommencerai. Et Après demain, et le jour encore après. Jusqu'à ce que quelqu'un décroche.

 

Je ferai ça tous les jours. 

 

Pire encore, nous ferons cela tous les jours.

 

Car nous sommes des centaines, que dis-je, des milliers. A passer des centaines d'appels enfermés dans un silence coupable et honteux, alors même que nous n'avons rien fait de condamnable, si ce n'est le fait de n'abandonner personne.

 

Imaginez un instant, juste une seconde, qu'un de vos proches se retrouve pour une quelconque raison prévenu en maison d'arrêt, en détention préventive. Vous n'avez rien vu venir. Le ciel vous tombe sur la tête, sous la forme d'un appel d'un avocat commis d'office.  Bien entendu votre proche n'a pas de casier, n'a jamais eu affaire à la justice.

 

Et là, il est en prison, en attente de son jugement. Présumé innocent, certes, mais en prison quand même.

 

Première question qui surgit tel un geyser de votre cerveau en ébullition: "Comment puis-je le contacter?"

C'est vrai, quoi. Vous voulez sa version, savoir s'il va tenir le coup, et puis, WTF, lui parler.

 

Ben oui, sauf que vous ne pouvez pas. Au bout de quelques jours, vous parviendrez péniblement par le biais d'une association à obtenir son numéro d'écrou, qui vous servira à lui écrire. Fiévreusement alors, vous lui écrivez aussitôt un petit mot que vous vous empressez de déposer à la poste avant la dernière levée, en affranchissement maximum, pour qu'il l'ait au plus vite. Et tant pis alors si finalement vous n'avez pu remplir la lettre que de banalités à pleurer, vous ne savez rien, qu'auriez-vous pu écrire? Tant pis.

 

Oui, tant pis. Vu que cette lettre mettra des semaines, voire des mois, à lui arriver. Oui, car vous finirez par apprendre que tout le courrier arrive à la prison, puis part vers le bureau du juge. Or, ce dernier a une pile de courrier en retard que ne renierait pas le héros de mon enfance, Gaston Lagaffe.

 

Rondudju.

 

Il faudra donc attendre que votre missive suintante d'innocence et de perdition arrive en bas de la pile, et que le juge la lise. ça peut prendre des semaines.

 

Et là, détail amusant, une association vous explique que s'il juge la missive trop en lien avec l'affaire, ou simplement s'il préfère conserver le détenu dans une solitude prompt à l'affaiblissement de sa psyché le temps de l'enquête, il peut tout à fait la bloquer. Pour une durée indéterminé. S'en suit cette conversation avec la charmante bénévole:

 

"Vous parliez de l'affaire dans votre lettre?

_ Comment aurais-je fait? Je ne sais rien.

_ Bon, ça, c'est bon. ça donne au juge une raison de moins de la garder. Vous avez écrit quoi, au juste?

_ Quelque chose comme "tiens le coup".

_ Arf, pas bon, ça. Le juge risque de la bloquer pour maintenir le prévenu en isolement.

_ Attendez c'est n'importe quoi! Il faut que je lui écrive quoi pour que ça passe?! Juste les résultats du Tiercé?!

_ Ah non surtout surtout rien qui puisse passer pour un code."

 

Ah. Même pas les résultats du tiercé, alors.

 

Bref, au bout de quelques semaines, vous cessez d'espérer un contact épistolaire, réalisant que dans ce domaine un prévenu (présumé innocent, donc) a moins de droit qu'un détenu (condamné).

C'est alors qu'abracadabra, votre demande de permis de visite, posé le jour même où vous avez appris l'incarcération de votre proche, est enfin acceptée.

 

Alléluia mes frères.

 

Une gentille dame du tribunal vous appelle alors et vous explique qu'il vous suffit d'appeler la maison d'arrêt "un matin entre huit heures et demi et onze heures" pour prendre un rendez-vous de parloir. 

 

Cool.

 

Avant de raccrocher, elle rajoute: "soyez patient".

 

Hein?

 

Bref, serein, je profite d'une grève inopinée mais pour le coup fort à propos de ma boite pour m'organiser la matinée du lendemain tranquille.

 

Debout huit heures et quart, café-clope-tournée des blogs.

 

Huit heures vingt-cinq, un demi-café encore chaud dans la mug, le mégot finit de s'éteindre, j'attrape mon téléphone.

 

Autant en finir vite, me dis-je.

 

Ha-ha.

 

J'appelle, ça sonne occupé. Pas de standard, pas de temps d'attente, rien. Sonnerie occupé, et ça raccroche. Comme dans les 90s.

 

Fier-à-bras, je jette un oeil de défi à l'horloge numérique du micro-onde qui me guette déjà de ses LED moqueuses.

Je marmonne un "ça ne va pas se passer comme ça", et bing, je rappelle. 

 

Occupé.

 

Deux heures et demi plus tard, après quelques crises de nerfs, noyé dans un écoeurement total, je raccroche mon deux cent ou trois centième appel. Il est onze heures. Je n'ai eu personne.

 

J'y ai passé deux heures et demi, téléphone en main, je n'ai fait que ça. De quoi devenir fou.

 

De rage, j'appelle une association, révolté, essayant de comprendre pourquoi ce matin la prison avait laissé son téléphone décroché.

 

J'aurais aimé que vous entendiez, vous, amis imaginaires, la voix compatissante mais blasée de la bénévole m'expliquer que c'est toujours ainsi. Que des centaines, ou des milliers de familles     passent leur matinée à écouter la tonalité saccadé de la ligne occupée. Que de nombreux prévenus ou détenus n'ont pas ou peu de visites, pas parce qu'ils n'ont pas de proches, ni parce que ces derniers ne peuvent pas, de temps en temps, prendre une heure pour venir les voir. 

 

Non, simplement parce que ces familles, ces amis, ne peuvent se permettre d'appeler toute la matinée, plusieurs jours d'affilé, en espérant avoir la chance de joindre le seul surveillant chargé de cela, que j'imagine devant un téléphone à roue, qu'il laisse décroché un petit quart d'heure le temps de prendre le café avec les collègues, parce que décidément, "ça n'arrête pas ce matin."

 

Et chaque jour se rajoute à la liste des proches de détenus ou prévenus qui tentent d'obtenir un rendez-vous de parloir ceux qui ne l'ont pas obtenu les jours précédents, et les nouveaux venus.

 

Chaque jour, plus de personnes appellent. Toujours plus nombreuses que celles qui finissent par abandonner, la mort dans l'âme.

 

Des gens qui n'ont rien à se reprocher, si ce n'est le fait de vouloir entrer en contact avec un de leur proche que le système a décidé de retirer de la partie, le temps de statuer sur son sort.

 

Des gens qui se taisent, parce qu'il suffit de voir la façon dont ils sont traités pour comprendre le message, limpide, du système:

 

"Ayez honte et taisez-vous."

 

Peine perdue, l'ami.

 

Je n'ai rien fait, et je n'ai pas honte.

 

Demain, je rappellerai. 

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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 10:13

        

 

(Pour la première partie, cliquez ici)

 

 

Thomas travaillait dans une boite de vente d’habits par correspondance, qui s’était ouverte grâce à l’explosion du e-business. En gros, il remplissait des cartons. L’entreprise s’était installée là à la faveur de lois censées inciter les entrepreneurs à investir cette région désolée. Le chef d’équipe fit les gros yeux à Thomas en le voyant arriver en retard, ce dernier baissa la tête en passant devant lui et rejoignit son poste sur la chaîne, dans le brouhaha incommensurable de la lourde machinerie qui remplissait tout le hangar dans lequel il travaillait. C’était parti pour huit heures.

 

Rien de notable ne se passa durant la matinée. Rien de notable ne se passait jamais dans ce boulot, de toutes façons. A midi, Thomas alla s’acheter un sandwich triangle au distributeur de la salle de pause, et s’installa parmi ses collègues. Dans son gobelet en plastique, un autre gramme de paracétamol et de citrate de bétaïne fondaient en cœur, sous les regards amusés. Passés les quolibets d’usage concernant son retard et son teint pâle, la discussion s’orienta sur les sujets rituels, soit le programme télé de la vieille et les actualités. Thomas se tint en retrait, à la fois parce qu’il n’avait pas vu les téléfilms ou émissions citées, parce qu’il n’était que rarement d’accord avec ses collègues concernant les questions politiques, et qu’il avait très, très mal à la tête.

 

Puis un jeune collègue qui avait pour habitude de manger dans sa voiture tunée en écoutant de la house-music s’adressa à lui, en parlant fort, lorsqu’il pénétra dans la salle de pause pour prendre un café :

 

« Eh, Tom, faut absolument que tu enlèves les galeries de ta caisse, elles vont vraiment tomber, là. »

 

Thomas prit cela pour une nouvelle raillerie. Il était vrai qu’une de ses galeries était fendue, mais les autres se portaient bien, et elles étaient loin de tomber.

 

« Ouais, ouais, ça va, hein, répondit-il en poussant la voix. On ne se moque pas d’une vieille dame. »

 

Son collègue eut une moue d’incompréhension, et haussa les épaules.

 

« Tu fais comme tu veux, je t’aurais prévenu. »

 

Puis il repartit boire son café en écoutant son caisson de basse 400watts, portières ouvertes. Le côté pratique était qu'il n'avait nul besoin de touillette, les vibrations parcourant sa voiture auraient fait repartir un cœur à l'arrêt depuis deux jours. Le côté con, c'est qu'il était à moitié sourd à vingt-deux ans.

 

Thomas releva la tête de son sandwich qu’il ne parviendrait de toutes façons pas à finir. Ça ne ressemblait pas aux railleries habituelles de ce collègue, qui ne maniait que très rarement l’ironie, ou alors avec la grâce et la délicatesse d’un pachyderme, et qui généralement concluait chaque moquerie d’un rire gras et bruyant. Thomas se leva péniblement et alla jusqu’à la fenêtre qui donnait sur le parking. Il resta bouche bée.

 

C’était un fait, il fallait qu’il retire les galeries. Trois des quatre étaient cassées en deux par le milieu. Pourtant il était presque sûr que la veille elles étaient dans leur état normal. Il chercha ce qui pouvait expliquer la rupture de trois galeries pendant la nuit. Mais toutes les hypothèses mettaient en scène une branche d’arbre qu’il aurait dû retrouver au matin. Et puis, il n’y avait pas d’arbre autour du parking. Peut-être, pendant la nuit, un voisin excédé par le bruit qu’il faisait avec son ami avait-il balancé quelque chose sur sa voiture, puis était venu le récupérer pour ne pas être identifié. C’était tiré par les cheveux, mais c’était pour Thomas la plus plausible des hypothèses. Un voisin, ou le concierge.

 

Il s’écarta un peu, trouva un coin tranquille et tenta d’appeler son ami sur son portable, qui ne répondit pas. C’était étrange, il répondait toujours à Thomas d’habitude, quelles que soient les circonstance. Une fois il avait même décroché au commissariat où il attendait de se faire interroger après avoir été pris en train de fumer un joint. Dans un trait d’humour bien à lui, il avait décroché en hurlant « planque la beuh, j’viens de me faire choper ! », hilare. Ça ne fit manifestement rire que lui, puisque cela valu à Thomas une fouille entière de sa maison, avec son ami, menottes au poignets, qui répétait à qui voulait l’entendre qu'il « déconnait ». Bien entendu les gendarmes étaient repartis bredouilles. La grand-mère de Thomas avait été ravie de lui garder quelques jours cette boite à chaussure odorante.

 

Mais non, son ami ne répondait pas, pas même au deuxième, ni au troisième essai.

 

Thomas soupira de dépit et alla se rasseoir, en passant prendre un coca au distributeur. Peu importait la raison finalement. Ce soir à la débauche, il fallait qu’il retire les galeries, qui de toutes façons ne lui avaient servi qu’une fois pour un road-trip qui s’était terminé au bout de deux heures sur une borne d’autoroute où une dépanneuse lui avait englouti tout son budget vacance.

 

La sonnerie de l’usine retentit pour la reprise. Encore quatre heures.

 

Finalement, la journée de travail voulut bien se terminer, avec comme il se doit les deux dernières heures qui en parurent six à elles seules. Thomas sortit dans les premiers, et retrouva sur le parking le vent froid et la grisaille. Il monta directement dans sa voiture par la porte passager, en faisant mine de ne pas entendre les rires de ses collègues. Heureusement, la vieille dame voulut bien démarrer du premier coup, et il s’éloigna aussi vite qu’il put de ce lieu qui lui mangeait ses journées, semaines, mois et années dans un incommensurable ennui.

 

Dix minutes plus tard, il était chez lui. Il habitait une bâtisse moche aux murs de parpaings nus, au jardin en terrain vague. Son seul voisin était une ferme porcine, bruyante et odorante. Un peu plus haut, à cinq minutes, se trouvait la charmante bicoque de sa grand-mère. Normalement, il passait la voir tous les soirs, mais ici la nuit tombait vite, et il devait s’occuper de ses galeries. Sans compter qu’avec la mine qu’il avait, elle allait se faire du souci. Non, aujourd’hui, il se contenterait de l’appeler.

 

Garant sa voiture dans l’allée, sous le regard concupiscent des énormes cochons de son voisin, il s’attaqua sans attendre à ses galeries, armé d’un tournevis pour les retirer. Mais lorsqu’il tendit la main sur le toit de sa voiture, il cria de surprise et d’horreur, tomba à la renverse, sur son séant, dans une terre humide et argileuse. Il se releva, tremblant, la migraine battant ses tempes, et tendit la main de nouveau, avant de la retirer avec empressement.

 

« Putaindebordeldemerde ! »

 

 

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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 20:56

 

Une fois n'est pas coutume, ce billet s'adresse à un ami qui vit un moment difficile.

 

Un de ces crépuscules soudains qui nous font craindre que le soleil puisse ne plus se lever, qu'il nous abandonne et nous laisse errer dans une nuit sans fin.

 

On raconte que lors d'une éclipse de soleil la nature sombre dans un silence angoissé, du plus gros pachyderme à l'oiseau pimpant, tous se taisent subitement et attendent. Ils attendent, fébriles, le retour du soleil. Sa disparition anormale et soudaine engendre en eux la peur qu'il ne revienne jamais.

 

Certains coups durs sont comme une éclipse.

 

Une éclipse de joie de vivre.

 

Comme un petit nuage gris qui plane juste au dessus de nos têtes et déverse une perpétuelle averse sur nos visages déjà ternes.

 

Après la pluie vient le beau temps.

 

Après la pluie vient le beau temps, l'ami.

 

Quelle que soit la puissance de l'ouragan.

 

Naître, vivre, mourir.

 

Et naître à nouveau.

 

Ainsi va la vie.

 

Just Remember :

 

Death is not the end.

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 16:26

 

 

« Schpok. »

 

Certains bruits ont un impact sans lien avec leur puissance sonore. Certains sons paraissent plus forts qu'ils ne sont réellement. Parce qu'ils restent en tête, aussi collants et puants à la mémoire que du mazout aux plumes d'un oiseau mort. Le cerveau, par souci de franchise, les amplifie, jusqu'à ce qu'ils hantent les nuits d'un tintamarre assourdissant.

Tout le monde avait entendu ce bruit. Grâce au silence coupable qui accompagne une pendaison sauvage, certes, mais malgré la pluie et le vent dans les feuillages, tout le monde l'avait parfaitement entendu.

Aujourd'hui, le village pendait une sorcière. On lui reprochait sa beauté mate, sa cartomancie, et tous les coups du sort qu'avait subie la misérable bourgade ces derniers mois. Les incendies à répétition. La fièvre qui emportait les plus faibles. Lorsqu'on avait surpris le gentil jeune homme du village, ancien enfant de chœur, préméditer sa fuite avec la gitane, c'en était trop. Elle l'avait ensorcelé, c'était certain! Comment ce bel homme, promis à de grandes études, leur fierté, pouvait-il autrement choisir une vie de bohème avec une sans-nom? Elle ne l'emporterait pas au paradis. On enferma le jeune-homme afin qu'il retrouve la raison en compagnie du prêtre. Puis, dans une ferveur aveugle entretenue par le nombre, le village décida de pendre la sorcière. Ainsi peut-être, se lèverait le mauvais œil qui s'était abattu sur eux depuis l'arrivée de la vagabonde, à la grâce d'un dieu bienveillant. Seulement voilà, leur dieu venait d'envoyer un message qui les laissait cois, et qui faisait

 

« Schpok. »

 

Sous la gitane pendue, le cou brisé net par un nœud à coulisse parfaitement préparé – il est certaines traditions qui ne se perdent jamais – gisait maintenant au milieu d'une flaque de boue et de fluides corporels un fœtus grimaçant. Tombé de sa mère comme la bouse d'une vache. Le cordon ombilical arraché des entrailles de sa génitrice gisait au sol. Silence de mort. Chapelet à la main, une petite vieille marmonna des prières en boucle, mains et voix tremblantes. Une autre défaillit, à peine retenue. Tous restèrent hébétés à regarder le petit corps. Finalement, quelqu'un cria:

« Il faut tuer l'enfant! »

Le tonnerre sembla lui répondre.

Un homme robuste, sur ses gardes, saisit lentement un lourd morceau de bois au sol. Puis il s'approcha du nouveau né, sous le regard pesant et inquiet de l'assistance. Du plus loin qu'il put, il toucha le petit être de son bâton, tel un enfant face à une charogne. Le cri du nouveau né le fit tomber à la renverse, de peur comme de surprise. La vieille dévote repartit pour un tour de chapelet fiévreux tandis que tous les villageois poussaient des gémissement de terreur. La même personne, le même cri:

« Il faut tuer l'enfant! »

Cette fois-ci, il fut accompagné d'un murmure d'approbation. Encouragée, elle poursuivit:

« Une engeance de ventre-plat! Le signe du démon! Fils de sorcière! Il faut tuer l'enfant! »

L'homme robuste, relevé, le cul souillé de boue, la fusilla d'un regard noir.

« Vieille folle. Je ne tuerai pas un nouveau-né, fut-il celui d'une morte.

_Alors c'est moi qui le ferai. »

Une jeune fille s'avança. On la savait amoureuse du jeune homme fugueur. Passionnément amoureuse et tout autant haineuse de la gitane. Elle saisit d'un geste brusque le bâton des mains de l'homme. Elle se dressa face à l'enfant, leva le plus haut qu'elle put le lourd morceau de bois. L'enfant cria encore. L'arme frappa, lui broyant le thorax. Quelques gargouillis plus tard, le silence était revenu. La jeune fille vacilla, en pleurs. Les villageois s'approchèrent d'elle avec des mots de réconfort, tandis qu'elle convulsait de sanglots devant le petit amas de chair aux yeux exorbités. L'homme au bâton, se sentant coupable, posa une main paternelle sur son épaule:

« Allez, viens, elles vont te raccompagner. Nous on va nettoyer tout ça, il faut que personne n'en parle, ou on aura des ennuis. »

Murmure d'approbation. Mines sombres, tous commencèrent à s'activer. Jusqu'à ce qu'un cri les alerte. A quelques mètres derrière eux, se dressait le jeune fugueur. Les mains couvertes de sang jusqu'aux avant-bras, il était brûlé de la tête aux pieds, si bien que toute pilosité avait été remplacée par la chair calcinée. Seuls quelques haillons noircis cachaient sa pudeur, mais il était difficile de comprendre comment il pouvait être encore en vie.

« QU'AVEZ VOUS FAIT?! »

Son hurlement était celui d'un dément. Derrière lui, au loin, tout le village était en feu. Les arbustes détrempés s'embrasèrent spontanément tout autour. Les villageois, terrorisés, reculaient. Seule la jeune fille ne bougeait pas. Tremblante, elle répétait « pardon... »

Il s'approcha d'elle. Sa vue se brouilla. Elle ferma les yeux.

Tout ne fut que magma de cris et chaleur intense.

Elle tomba à genoux. La boue était brûlante. Elle continua d'implorer son pardon.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, la vallée tout entière était en cendres.

Elle était seule.

 

(note de l'auteur: à l'origine ce texte avait été écrit pour un petit concours de nouvelle dont le thème imposé était "pendaison", le style imposé "Fantastique" et la longueur maximale 5000 caractères (oui c'est court). Il a gagné le droit d'être publié sur le Blog des éditions La Madolière (billet du 03 Juin 2010). Les encouragements de la personne responsable de cette maison d'édition ont beaucoup joué dans ma décision de me remettre pour de bon à l'écriture. En plus de cela elle s'est fendue d'une présentation fort avantageuse de votre serviteur. Bref, merci à elle!)

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31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 11:19
   "Les Aventures de Thomas Mortemousque"

  ou l'Allégorie Traumatique


 

 

 

Thomas Mortemousque se réveilla avec ce qu’il convenait d’appeler dans un souci d’exactitude, une sacrée putain de gueule de bois. Sur un matelas élimé à peine plus épais qu’un livre et certainement pas plus confortable, juste recouvert d’un duvet hors d’âge aux milles senteurs de sueur, d’alcool, le tout mélangé à d’autres parfums accumulés au fil des utilisations, dont il valait mieux omettre de chercher la provenance. A côté de lui, sur le canapé-lit, sont ami dormait encore, pas même réveillé par la sonnerie croissante du portable de Thomas. Après un long soupir de souffrance, ce dernier dû se rendre à l’évidence. Il était l’heure de partir travailler. Enfin, de courir travailler. L’heure de partir travailler, c’était une demi-heure plus tôt, lorsque Thomas avait repoussé la sonnerie de son réveil d’un geste coupable.

 

Il s’habilla dans la salle de bain, seule autre pièce du studio de son ami. Se jeta de l’eau sur le visage, en grimaçant. Pour seul petit-déjeuner, il avala un citrate de bétaïne, un alka-setzer et un gramme de paracétamol, le tout dissout dans un même grand verre d’eau qu’il était allé chercher à tâtons parmi la vaisselle sale qui dégueulait du minuscule évier de la « cuisine », soit la face ouest de la pièce principale. Devant la mixture en ébullition multiple, il eut un doute quant à ses capacités digestives, et s’obligea à manger en accompagnement une demi part de pizza bolognaise froide de la veille, pour protéger ses intestins. Qui lui rendirent sa prévenance d’un haut-le-cœur ingrat et rancunier des excès de la veille. Une nuit à boire, fumer, et jouer aux jeux vidéo. Pas la meilleure idée lorsque le lendemain est fait d’une journée de préparation de commandes. Mais lorsque la semaine entière, le mois et l’année sont faits uniquement de journées de préparation de commandes, ce type d’incartades étaient nécessaires, voire salutaires, peut-être pas pour le corps, mais pour l'esprit.

 

Du moins, c’est ce dont Thomas tentait de se convaincre en se chaussant dans le couloir à l’atmosphère et au carrelage glacés de la résidence. Dans la région, les hivers étaient rudes. Les demis saisons aussi. Seul l’été accueillait enfin une douceur bienvenue, mais qui ne parvenait pas à atténuer l’infinie dépression que subissaient tous ceux qui étaient contraints de passer leur saison estivale dans un coin aussi paumé. Déjà qu’il s’agissait du département le moins peuplé, en été, il était légitimement déserté. C’était bien le terme qui convenait, la désertion. Vivre dans le coin, c’était la guerre. D’ailleurs, la seule chose notable du secteur était une zone militaire bâtie au calme quelques années plus tôt. Pas d’industrie, pas de commerce, donc pas d’emplois. Pas de population, donc pas de loisirs. Même la poste se retirait sur la pointe des pieds, tel un amant honteux, bureau par bureau. Le département voisin, pourtant à peine mieux loti, était déjà la risée du pays. Eux, ils étaient la risée du département voisin, et inconnus du pays. Il fallait être fou pour rester vivre ici lorsque l’on a vingt-cinq ans, soit l’âge de Thomas. Fou, ou n’avoir nulle part d’autre ou aller.

 

Thomas avait eu une enfance et une adolescence difficiles, marquées par des coups durs du destin, qui ne lui avaient laissé qu’une grand-mère qui l’avait élevé, et un ami avec lequel, deux ou trois fois par semaine, il oubliait sa vie dans les brumes éthyliques et cannabiques. Mais Thomas ne se plaignait pas, ou si peu. Après tout, il n’avait connu que ça, et puis, c’était son choix. Quand sa grand-mère mourrait, il s’en irait, sûrement, bien que finalement cette idée, sans qu’il le reconnaisse, l’effrayait. La région était déserte, certes. Mais au moins, il en connaissait chaque recoin, chaque détail, et ça le rassurait. Ses parents étaient partis une fois à la capitale voir de vieux amis. Juste une nuit, juste le temps d’y mourir d’une intoxication au monoxyde de carbone. C’était stupide sûrement, il devait bien y avoir dans le coin des chauffe-eau défectueux, mais ça avait marqué l’enfant que Thomas était alors. Ailleurs, c’était dangereux.

 

Thomas ne se plaignait pas, ou si peu. Par contre, ce matin, il pestait. Contre son mal de tête, ses nausées, son taux d’alcool encore si élevé qu’il peinait à marcher droit, contre le froid de la région, contre l’interrupteur du couloir de la résidence défectueux depuis deux mois. Contre la journée qui l’attendait. Mais pas une seule fois il ne pesta contre la soirée passée, pourtant responsable de la plupart de ses maux. Au contraire, y repenser lui provoqua un sourire. Une sacrée putain de bonne soirée. Puis il s’enfouit la tête dans son écharpe et sous son bonnet, et s’élança dans le grand froid.

 

Le parking de la résidence était désert, il faisait encore nuit. Un soleil levant blafard peinait à percer le manteau nocturne en ce brumeux matin de mars. Thomas chercha dans sa poche ses clefs de voiture, qu’il retrouva entre un mouchoir usagé et un paquet de filtres pour cigarettes renversé. En s’approchant de son véhicule, il eut une moue de dépit, un rien coupable. Sûrement semblable à celle qu’a le paysan, au matin de faire travailler aux champs un cheval arthritique et souffreteux qui a depuis longtemps mérité sa retraite. C’était un vieux break hors d’âge, d’une marque d’ex-URSS, oubliée de tous. A l’époque où les gens se souvenaient encore de l’existence de cette marque, il circulait une blague que Thomas avait entendu un petit millier de fois, qui prétendait que pour doubler la valeur d’un tel véhicule, il suffisait de faire le plein. C’était d’autant plus vrai maintenant, sauf que plus personne ne lui faisait la vanne. Il devait posséder un des rares exemplaires encore roulants, à raison d’une demi-journée dans le cambouis deux fois par mois, et le monde entier avait oublié l’existence même de cette marque. Mais il avait une relation particulière avec cette voiture. Sa grand-mère l’avait achetée d’occasion et offerte à ses parents lors de la naissance de Thomas, et c’est dans ce break, déjà vieux à l’époque, qu’ils étaient toujours partis en vacance. C’était aussi lui qui avait conduit ses parents à la capitale. Thomas était décidé à conserver ce véhicule jusqu’à ce qu’il rende l’âme. Enfin, qu’il rende l’âme pour de bon, parce qu’il avait déjà réussi à le ressusciter une dizaine de fois, même après que des garagistes moqueurs aient prononcé son décès en dénonçant l’acharnement thérapeutique. Dorénavant, seul Thomas était autorisé à soulever la jupe de tôle de la vieille dame. Lui seul en connaissait tous les secrets. D’ailleurs, il lui avait débranché le compteur kilométrique il y a de cela six ans, pour préserver sa dignité. La vieille dame n’affichait plus son âge. Elle le portait suffisamment sur elle.

 

Certains murmurent à l’oreille des chevaux, d’autres s’adressent à leurs plantes vertes, et d’autres encore, beaucoup plus nombreux, parlent à leur vieille voiture. La veille dame était de celles à qui il fallait parler gentiment et sans cesse des préliminaires jusqu’à l’arrivée, faute de quoi elle se vexait et vous laissait en rade sans l’ombre d’une sommation ou d’un scrupule. Peinant à déverrouiller la portière, Thomas se perdait déjà en suppliques et compliments. La serrure avait du jeu, et il n’avait pas le temps de jouer avec elle. Après deux bonnes minutes dans le froid à tenter de tourner la clé, il dû se résoudre à passer par la portière passager, qui céda assez vite, s’ouvrit et se referma derrière lui dans un même grincement atroce dont la puissance en décibels devait valoir celle d’une formule un en vitesse de pointe. En s’asseyant sur le fauteuil conducteur, Thomas, qui savait y faire, souffla juste, en caressant le volant :

 

« Je ne t’en veux pas, c’est pas grave. »

 

Puis il mit la clé dans le contact.

 

« Par contre, s’il te plaît, démarre. »

 

Il tourna la clé et écrasa l’accélérateur, starter à fond. Du fin fond du capot s’éleva un pénible Vouwouwouwouwou en canon avec les « s’ilteplaits’ilteplaits’ilteplaits’ilteplait » de Thomas, le front contre le volant.

 

Vingt secondes, échec. Pour ne pas noyer le moteur, il fit une pause. Thomas, toujours dans la même position, continua seul ses « s’ilteplaits’ilteplaits’ilteplaits’ilteplait » pendant trente secondes, avant de tourner à nouveau la clé.

 

Vouwouwouwouwou… BrrrrrrAAAAOUM ! Dans un vacarme assourdissant, le moteur se mit en branle, faisant trembler chaque centimètre de tôle jusqu’au rétroviseur intérieur. Relevant la tête dans un soupir de soulagement, Thomas souffla dans un sourire reconnaissant « je t’aime », tout en déverrouillant de l’intérieur la portière conducteur. Le pare-brise arrière était totalement pris par le givre, mais par un miracle que Thomas ne s’expliquait pas et qu’il accueillait avec joie, le pare-brise avant avait été épargné. Il se mit donc en route.

 

Après un passage en première difficile et bruyant, la vieille dame se mut. Lentement, car elle n’était pas la plus évidente à manœuvrer, avec ses presque cinq mètres de long dans un parking conçu pour des Smarts. Le concierge de la résidence était tatillon, nul doute qu’il était caché derrière ses rideaux, à guetter la moindre tôle froissée. La manœuvre se passa bien, Thomas et la vieille dame étaient presque sortis de leur place de parking lorsque la roue arrière droite se souleva bizarrement, comme si elle roulait sur un rondin, puis l’écrasa tel une pastèque, dans un atroce bruit de craquement humide. Thomas descendit aussitôt du véhicule, de peur d’avoir roulé sur le cadavre d’un chat ou d’un chien mort de froid. Mais lorsqu’il se mit à quatre pattes pour voir de quoi il s’agissait, puis qu’il fit le tour de la voiture, il lui fallut se rendre à l’évidence, il n’y avait absolument rien qui puisse expliquer le phénomène, pas un seul débris. L’esprit toujours dans un étau de souffrance et d’alcool, voyant la lumière de l’appartement du concierge s’allumer, Thomas remonta dans son véhicule, en essayant de se faire à l’idée qu’il ne s’agissait que d’un nouveau symptôme de l’âge de son destrier. En tout cas, ce symptôme-ci était une première, et il ne l’expliquait pas.

 

Il surveilla durant tout le trajet – une ligne droite désertique longeant le haut grillage bardé de cameras de la zone militaire, un virage, puis une longue ligne droite ne longeant plus rien du tout – les bruits suspects pouvant provenir de sa roue arrière. Il y eut moult bruits suspects, mais tous étaient concentrés sur la zone du moteur. Finalement, arrivant au travail, il oublia l’incident.

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24 juillet 2011 7 24 /07 /juillet /2011 22:54

 

Nuit du dimanche 24 Juillet.

 

Titre de l'album: Back to Black.

Titre de la chanson: Back to Black.

 

Artiste: Amy Winehouse.

 

Pour une première humeur du jour, on fait dans le gai et le pimpant, ça tombe bien, ce sont mes deuxièmes prénoms, "gai" et "pimpant". A moins qu'il ne s'agisse de "cynique" et "acerbe".

 

Je sais plus.

 

Bref.

 

Week end pluvieux et froid, j'aurais envie de dire pas trop mal pour un mois de novembre, mais tellement de personnes ont fait cette vanne ces derniers jours qu'elle a prix dix ans en une semaine. Même un journaliste d'Itélé l'a faite. C'est dire.

 

Toujours est-il qu'un fanatique du white power, un joli petit aryen tout ce qu'il y a de plus propre sur lui a tué une centaine de ses compatriotes sur une île norvégienne, probablement parce qu'il leur reprochait d'appartenir à un parti trop laxiste à son goût concernant les questions d'immigration. Pire, il n'a même pas eu l'élégance de se suicider (ni la police celle de l'abattre) et voilà qu'il annonce vouloir parler au tribunal et à la presse. Le mec doit déjà être un demi-dieux dans les groupuscules d'extrême droite qui pullulent en ce moment, en Europe et dans l'hexagone. Fuck. Faites-le taire. Que peut-il sortir de quelqu'un qui a abattu cent personnes? Réponse: du sang, toujours du sang.

 

Avec un peu de chance Gus Van Sant en fera un "Elephant 2", j'ai toujours trouvé le premier mou du genou. Sick.

 

La peau blanche, c'est comme le catholicisme. Plein de bonnes intentions sur le papier, de sentiment de supériorité intrinsèque, et de condescendance pour le reste de l'humanité.

 

Et du sang jusqu'au menton.

 

Il était pas nazi, dans sa jeunesse, le pape?

 

Vite, Back to Black.

 

Amy Winehouse est morte, R.I.P.

Et chaque journal de faire son petit laïus sur le club des 27, comprenant notamment Kurt, Janis, Jimmy, Jim, et maintenant Amy, excusez du peu. Pour ma part, c'est déjà trop tard, j'ai 29 ans. Mais j'espère qu'ils laisseront la porte ouverte en enfer parce que c'est le club ayant de loin la meilleure programmation musicale de tous les temps. Et leur whisky ne doit pas être dégueulasse non plus. Par contre touchez pas au LSD...

 

Eh merde tiens. Comme disait feu Mano Solo: "les gens m'aiment parce que je meurs à leur place en quelque sorte."

Nous aimons ces artistes qui s'auto-détruisent parce que dans une société où la vie du quidam souffre d'un manque criant de sens, l'auto-destruction a le vent en poupe, tel un exutoire. Mais nous, nous ne pouvons pas trop nous y adonner, parce que nous avons des obligations, des gens autour de nous, un boulot, des mômes. Reste que ça nous titille, alors nous écoutons les voix cassées de ceux qui peuvent se permettre de passer la nuit à ravager une chambre d'hôtel et d'annuler un live à deux heures du show, et vivons ce besoin d'auto-destruction à travers eux.

 

Amy Winehouse est morte pour nous. Son tube qui s'est le plus vendu est celui où elle chantait qu'elle n'irait pas en "Rehab", où "They" voulaient l'envoyer. Bullshit. Personne ne voulait qu'elle y aille. Tout le monde l'aimait trop comme ça, l'aimait trop pour ça. Ceux qui achetaient ses disques rêvaient d'une nouvelle Janis Joplin, pas d'une starlette aseptisée.

 

En "Rehab", nous y sommes, nous. Et, faut le reconnaître, ça craint à mort.

 

C'était ça, son message. Elle avait juste un peu trop raison pour survivre, et n'était sûrement pas entouré que d'anges.

 

Allez, encore un petit coup, Back to Black. En levant mon verre de Whisky à Amy. Qu'elle passe le bonjour à Kurt.

 

Un bon gros week end de merde, donc. Parfait pour inaugurer mon blog.

 

Et sinon, que dit la télé? 

 

Après le rappel des titres, le journal de BFMTV s'ouvre sur... Le tour de France.

"Eh oui, c'est l'événement du jour..."

 

*clic-clic-clic-clic* mais tu vas t'éteindre, télé de merde!

 

Ah, ça y est, l'écran vacille, et l'image du maillot jaune souriant disparaît.

 

Back to Black.

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