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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 22:47

 

Les Aventures de Thomas Mortemousque, première partie.

 

Les Aventures de Thomas Mortemousque, deuxième partie.

 

Il tendit une troisième fois la main, se forçant se coup-ci à ne pas la retirer de suite. Il n’y parvint qu’une poignée de secondes. Il dû se rendre à l’évidence. Sur le toit de sa voiture, se trouvait quelque chose. Une chose molle et dure à la fois, mais qu’il ne percevait qu’au toucher. Il en approcha prudemment le visage. L’odeur était forte, organique. En réalité, seule sa vue lui faisait défaut. Il ne voyait rien, et pourtant, il y avait bien quelque chose.

 

Il courut à l’intérieur, fouilla fiévreusement dans ses placards. Il revint à sa voiture affublé de plusieurs sacs de farine qu’il renversa dessus. Enfin, il vit. Et vomit dans la foulée. Sur le toit de son véhicule se trouvait le corps décapité d’un enfant. Le corps invisible d’un enfant. La galerie avant, celle qui était abîmée et coupante avait dû lui trancher la tête sur laquelle – Thomas eu une nouvelle nausée à cette pensée – il avait roulé le matin même dans le parking de la résidence de son ami. Du sang coagulé, invisiblemais odorant, recouvrait son pare-brise avant, ce qui lui avait épargné le givre ce matin. Thomas, jambes tremblantes, migraine hurlante, s’assit un moment dans l’herbe humide. Un enfant invisible s’était suicidé durant la nuit et avait atterri sur sa voiture. « Je dois être complètement cinglé », pensa-t-il. Il se releva, mais constata que le corps recouvert de farine était toujours là. Il tenta à nouveau d’appeler son ami, mais tomba directement sur sa messagerie. Chose qui, là non plus, n’arrivait jamais. Thomas releva la tête de son portable, bouche-bée.

 

La base militaire.

 

L'enfant invisible.

 

Son ami qui ne répondait pas.

 

Qui ne répondrait plus.

 

Thomas fut saisi d'un profond vertige, et s’effondra plus qu'il ne s'allongea sur le dos. Au dessus de lui les nuages tourbillonnaient d'une danse folle.

 

Au bout de quelques secondes, l'univers cessa de tourner, l'urgence prit le relai. Il parvint tant bien que mal à rassembler ses idées, à les extraire de l'ouragan de panique qui balayait son esprit.

 

Il réalisa alors qu’il lui fallait agir vite.

 

Il se releva brusquement.

 

Très vite.

 

Lorsque quelques dizaines de minutes plus tard plusieurs véhicules de l’armée, deux Humer et un camion, surgirent de derrière les collines en roulant à tombeau ouvert, se garèrent en dérapage tout autour de chez lui, Thomas finissait de passer le jet haute pression sur son véhicule. Il avait investi dans ce matériel quelques mois auparavant pour enlever la vieille peinture extérieure de sa maison, peinture qu’il n’avait finalement jamais remplacée. Thomas accueillit les militaires avec un grand sourire, tentant de cacher sa migraine et surtout la terreur sourde qui l'habitait. Une bonne douzaine d'hommes en uniformes surgirent des véhicules. Certains portaient des lunettes thermiques et regardaient partout, en ôtant et remettant en alternance les lunettes. Un haut gradé, tenue kaki intégrale, cheveux blancs en brosse et bardé de médailles sur le cœur, se précipita sur Thomas. Lequel ne trouva qu’à dire, d'une petite voix :

 

« Bonjour. »

 

L’homme grimaça en notant le manque de surprise de Thomas et le jet haute-pression. Il s’avança jusqu’à être nez contre nez. Dans un rictus contrit, il souffla juste, impératif.

 

« Gamin, je n’ai ni le temps, ni l’humeur à jouer. Il va falloir être extrêmement coopératif, et ce, tout de suite. Dis moi tout ce que je veux savoir, et dis-le moi maintenant. Ou tu vas au devant de très très gros ennuis. »

 

Thomas déglutit difficilement. Il nota que le gradé était en proie lui aussi à la panique, dans un état de nervosité intense. Il jeta un coup d’œil sur sa maison, sur sa vallée, et au loin, sur la maison de sa grand-mère. Il aurait aimé avoir le temps de lui dire au revoir correctement. Finalement, aussi gris et perdu que soit son chez-soi, on finit toujours par le regretter, et toujours plus tôt qu’on ne s’y attendait.

 

Thomas revint au regard bleu furieux du militaire immobile devant lui. Il déglutit une toute dernière fois. D’une voix tremblante, il demanda :

 

« Un café ? »

 

Le gradé explosa de rage, plaqua Thomas sur le capot de son véhicule d’une clef de bras qu’il força jusqu’au craquement d’épaule, arrachant un hurlement de douleur a sa victime. Puis il se retourna vers ses subordonnés.

 

« Vous me l’emmenez dans le camion, et les autres vous passez le secteur au peigne fin. Exécution ! »

 

L’instant d’après, Thomas était attaché à une chaise, dans le camion entièrement bâché. Au dessus de lui, une ampoule protégée pendait à un fil. Il était seul avec le gradé. Et une boite à outils.

 

« Je t’explique, gamin. C’est fini la plaisanterie. Là, tu joues dans la cour des grands, et crois-moi, t’as pas les couilles. Je sais que tu sais pourquoi on est là. Je sais que tu sais ce qu’on veut que tu nous dises. Je le sais, parce que tu n’as pas été surpris de nous voir arriver. Alors tu vas tout me dire, là, maintenant, sinon je vais vraiment, mais alors vraiment me fâcher. »

 

Pour accompagner ses dires, il plongea en aveugle sa main dans la caisse à outils. Il en tira un marteau.

 

Une goutte de sueur froide parcouru l’échine de Thomas.

 

« Ecoutez… monsieur. On pourrait peut-être prendre le temps d’en discuter un peu ? »

 

Face à lui, l'homme se leva lentement, la mine sombre, le regard noir.

 

« Gamin, tu m'as l'air sur une mauvaise pente, déclama-t-il froidement. Je te l'ai dit, j'ai pas le temps de jouer avec toi. Tu as trois secondes, et c'est ta dernière chance. Une... »

 

Le gradé continua d'avancer lentement vers Thomas qui l'observait, mâchoire serrée.

 

« Deux... »

 

Il fit passer le marteau de sa main gauche à sa main droite, et s'assura d'avoir une bonne prise sur l'outil. Thomas ne pouvait maintenant détacher son regard de la pièce d'acier rutilante au bout du manche en plastique noir.

 

« Trois. »

 

Thomas grimaça en fermant les yeux, le visage contrit. Un violent coup de marteau lui explosa le genou droit. Il hurla.

 

« Ok, alors tu veux jouer. » fulmina le gradé en retirant sa veste, puis son marcel gris, révélant un torse à la musculature impeccable, tatoué de symboles d’appartenance à d'obscurs groupuscules. Puis il se dirigea vers les bâches du fond du camion, passa sa tête dehors et cria « un médecin ! ».

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commentaires

L
<br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> encore un texte bien écrit cependant j'ai une interrogation, il est sous entendu ici que le corps sur la voiture à un lien avec l'ami de Thomas, celui là même qui dort lors du départ matinal de<br /> Thomas.<br /> <br /> <br /> J'avoue ne pas comprendre le lien, si le corps est celui de son ami ça ne colle pas et si ce n'est pas le cas, je n'arrive vraiment pas à saisir pourquoi son ami a disparu (mort?!)<br /> <br /> <br /> Mais malgré cela, je serais ravie de lire la suite et fin des aventures de ce pauvre garçon qui accumule les emmerdes!<br />
Répondre
E
<br /> <br /> Bonjour, merci pour votre commentaire.<br /> <br /> <br /> Non, le corps invisible sur la voiture de ce pauvre Thomas n'est pas celui de son ami. Je sais ce texte un peu flou, la majorité les lecteurs de mon entourage m'ont demandé à posteriori des<br /> explications.<br /> <br /> <br /> Je poste la fin, qui traîne sur mon ordinateur depuis trop longtemps, et répondrai à toutes les questions.<br /> <br /> <br /> Merci pour votre lecture, et vos commentaires.<br /> <br /> <br /> J'espère que ce modeste blog saura retenir votre attention encore un peu, il n'y a pas plus belle récompense que celle d'être lu.<br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> <br /> Nuit<br /> <br /> <br /> <br />